David Gest partage des souvenirs de son amitié avec Michael Jackson

Peu avant les fêtes, David Gest a publié dans The Observer une chronique où il a raconté quelques souvenirs de l'amitié qu'il a partagée avec Michael Jackson. Il connaissait l'artiste depuis 39 ans. Certaines de ces anecdotes sont déjà connues des fans car il les a évoquées dans son autobiographie, parue en 2007.

"La première fois que j'ai rencontré Michael, il avait 11 ans et était déjà connu - les Jackson Five étaient le groupe le plus à la mode dans le monde. Je vivais dans leur pâté de maisons, à Encino. Je suis devenu un ami intime de Tito et de Michael après que mon ami Mike Merkow me les ait présentés à l'école Walton de Panorama City. La première fois que j'ai rencontré Michael, il était en train de fabriquer une girafe en papier mâché. Nous avons parlé d'art et il m'a dit à quel point il aimait la peinture et être créatif. Immédiatement, j'ai su que nous avions quelque chose en commun... et ce n'était pas la peinture !

J'ai commencé à sortir avec sa soeur, LaToya. C'était une amourette, rien de sérieux. Un jour, elle était malade et Michael m'a demandé si je pouvais l'emmener à un salon d'objets collector à Glendale. Je lui ai demandé "C'est quoi, des collectors ?" et il m'a répondu "David, il faut que tu t'y mettes, tu vas adorer ça". Donc je l'ai conduit à l'exposition, où ils vendaient des tas de vieilles affiches rock et soul, des disques d'or, des objets des Beatles et des objets dédicacés par Jimi Hendrix, Jim Morrison et les Doors. Michael adorait les Doors et leur musique. Il adorait aussi tous les artistes Motown ainsi que la vraie soul, celle qui vient du coeur. Pour nous deux, James Brown était un Dieu et Jimi Hendrix était son meilleur élève. Après ça, nous avons commencé à passer du temps ensemble, trois à quatre fois par semaine, et il est devenu mon meilleur ami. Pendant les six années suivantes, nous avons été inséparables.

Un soir, à la fin de son adolescence, nous sommes allés au Roxy, sur Sunset Strip, pour voir les Four Tops. Nous sommes allés en coulisses avec Stevie Wonder et Michael a dit au chanteur principal des Four Tops, Levi Stubbs Jr : "Levi, j'ai tout appris de toi. Tout". Stevie a soulevé Michael, l'a plaqué contre le mur et lui a fait : "Tu as appris tout de qui ? Qui est le meilleur ?" Et Michael a répondu : "Toi, Stevie ! Arrête ! Toi !" C'était tellement drôle ! C'était aussi un moment typique de l'amitié David/Michael qui allait durer plus de quatre décennies. Tous les week-ends, nous partions ensemble juste pour nous éloigner de la maison, de nos parents et être seuls.

On montait dans la voiture et on chantait des chansons ensemble. Il me disait souvent que j'étais le pire chanteur qu'il ait jamais entendu. Il me faisait toujours rire. Michael avait un grand sens de l'humour que la plupart des gens n'ont jamais vu. Nous adorions aller faire les antiquaires en quête de meubles, de tableaux ainsi que d'objets collector. Notre activité favorite consistait à entrer dans un magasin et faire : "Vous avez des tableaux de John LeCockah ?" Le marchand répondait : "Nous venons de vendre le dernier pour 100 000 dollars". Je disais à Michael : "Oh, non, il vient juste de vendre le dernier tableau de John LeCockah !" Nous le suppliions d'en trouver un autre et il répondait : "Ils sont vraiment très difficiles à trouver". On sortait et on faisait : "Nous n'achèterons jamais rien à ce type parce que ce peintre n'existe pas !" Michael était écroulé de rire. Il avait un rire qui ressemblait à une poule qui caquète : Hhk hhk hhk hhk hhk.

Nous faisions des choses très normales. Nous allions beaucoup chez KFC. Michael croyait que si on retirait la peau du poulet, ça le rendait bio. Je n'ai jamais vraiment saisi ce que ça voulait dire. Nous sortions manger des pancakes et du pain perdu et je conduisais sa Rolls. Quand nous nous arrêtions pour prendre de l'essence, je lui demandais de faire le plein. Il me répondait : "C'est moi la star ! Je n'arrive pas à croire que tu me fasses mettre de l'essence dans la voiture". Et je lui répondais : "Quand on est ensemble, il n'y a qu'une seule star !" C'était la raison pour laquelle notre amitié était si solide. Je ne l'ai jamais traité comme une star.

Un jour, dans les années 80, il s'est habillé en sheikh et nous sommes allés voir Captain Eo à Disneyland, ce film en 3D dans lequel il jouait. Je l'ai regardé faire le moonwalk et en sortant, je lui ai dit : "Tu sais, tu es vraiment bon". Et il m'a fait : "Ah, c'est seulement maintenant que tu t'en rends compte ?"

Il ne faisait pas partie de ceux qui mâchent leurs mots. Au début de sa carrière, il menait sa propre barque et avait totalement le contrôle. Il appelait le président de Sony et disait : "Je veux un panneau publicitaire ici. Un à Chicago. Et à New York, à Times Square". Il supervisait tout, du marketing à la promotion, sur chacun de ses disques, et il avait l'oeil sur tout. Quand il se mettait en colère, il n'était pas du genre à se contenir. Par ailleurs, il ne parlait jamais avec cette voix haut perchée. Il était toujours très viril, très masculin.

Tout a changé après l'incident de 1984. Il tournait une publicité pour Pepsi et ses cheveux ont pris feu quand une cascade a mal tourné. Après ça, il n'a plus jamais été le même. Quand on a une commotion cérébrale et qu'on souffre constamment, tout change dans notre univers. Croyez-moi, je sais ça par expérience personnelle. Ce n'est pas surprenant qu'il soit devenu accro aux médicaments. J'aurais seulement aimé qu'il soit entouré par les bonnes personnes. La réalité, c'est que certains des médecins qui l'entouraient cherchaient davantage à devenir ses amis qu'à s'assurer qu'il allait bien, médicalement parlant.

Michael se préoccupait aussi beaucoup de son apparence physique. Il était bel homme et n'a jamais eu besoin de faire quoi que ce soit, mais la chirurgie esthétique était une obsession. Il est allé trop loin et je pense qu'il en a pris conscience plus tard dans sa vie. Le chirurgien n'aurait jamais dû le réopérer après sa deuxième rhinoplastie mais les gens voulaient le garder dans leur giron et ça a été l'un des plus gros problèmes dans sa vie.

En 1993, quand l'affaire a éclaté, j'ai été l'une des rares personnes à aller sur tous les plateaux télé pour dire qu'il était innocent. Je savais qu'il était innocent. Etait-ce la chose la plus intelligente à faire d'avoir tous ces enfants dans son lit à regarder la télé ? Non, et je le lui ai dit. Mais a-t-il fait quelque chose de mal ? Non. Michael n'aurait pas fait de mal à une mouche. Il n'était pas comme ça.

Michael avait un coeur d'or. J'aimerais que les gens sachent le nombre d'enfants qu'il a aidés. Des enfants qui avaient besoin de prothèses de bras et de jambes, mais dont les familles n'avaient pas les moyens de les acheter. Il a financé des centaines de traitements anti-cancer, mais il ne s'en est jamais vanté. Personne n'a réalisé à quel point il était merveilleux avant qu'il ne meure.

C'était un père très strict. Il pensait que ses enfants devaient être très instruits et respecter les adultes. Il ne supportait pas la grossièreté mais il leur donnait aussi beaucoup d'amour parce qu'il avait énormément souffert étant enfant, non pas à cause de sa mère - qu'il aimait beaucoup - mais à cause de son père, dont il n'a jamais été proche. Il avait peur de lui.

Je n'ai jamais été du genre à verser des larmes mais j'ai pleuré quand j'ai appris que Michael était mort. Je me rappellerai de Michael comme l'une des personnes les plus drôles que j'aie jamais rencontrées, et comme quelqu'un qui cherchait toujours le positif en chacun. Quelle belle qualité ! Il n'a jamais été du genre à rabaisser les autres. Il vous donnait toujours l'impression que vous étiez précieux.

Je crois vraiment que c'était le plus grand artiste de tous les temps. Je suis heureux que nous nous soyons associés et d'avoir produit l'émission musicale ayant recueilli les plus fortes audiences de tous les temps au Madison Square Garden de New York, en 2001 : Michael Jackson - 30th Anniversary Celebration. C'était l'apothéose de notre amitié. Ce furent les deux concerts "non caritatifs" ayant engendré le plus de bénéfices de tous les temps..

Sa mort a rassemblé les gens pour qu'ils se souviennent ensemble de la belle musique qu'il nous a offerte, des belles chorégraphies dont il nous a gratifiés et de ses multiples talents en tant qu'artiste. Il a réussi à évoluer avec chaque décennie tout en restant moderne. Il pouvait chanter n'importe quoi mais la chanson que je le faisais toujours interpréter dans la voiture était "Man In The Mirror". Pour moi, c'était sa meilleure. Non seulement je m'identifiais énormément à ce titre mais surtout, pour Michael, c'était bien plus qu'une simple réflexion".

Source : ElusiveShadow.com / The Observer